Contrairement à une transaction bancaire dont les deux parties gardent des traces exhaustives de tous les détails, et dont vous vérifiez a posteriori l’exactitude sur votre relevé de compte, un système de vote électronique censé garantir l’anonymat doit protéger le secret de votre vote. Celui-ci est enregistré dans la mémoire électronique de façon à ce qu’on ne puisse pas en retracer l’origine (plus précisément l’ordre d’enregistrement des votes) [1]. Vous-même n’avez pas de moyen de savoir ce qui a réellement été enregistré : (l’affichage peut ne pas être fidèle). Cet enregistrement peut mal fonctionner à cause d’un bug dans le logiciel (ou pire, délibérément) :
si l’enregistrement n’est pas fait du tout, on s’en apercevra car il y aura discordance entre le nombre de votes indiqués par la machine et les émargements (mais on pensera plus volontiers à une erreur humaine dans ces derniers).
si le vote est enregistré pour un autre candidat que celui pour lequel vous avez voté, personne ne s’en apercevra.
Ceci n’est qu’un exemple (simplifié) parmi les différents défauts pouvant affecter le vote électronique anonyme en général, et les machines à voter en particulier. Certains défauts sont visibles parce qu’ils créent des aberrations, d’autres ne peuvent même pas être soupçonnés.
On ne peut pas reprocher au vote électronique de présenter les faiblesses qu’on trouve dans tout ordinateur, mais l’importance de l’enjeu mérite qu’on s’interroge sur le peu d’intérêt qu’a suscité cette question cruciale. Pourquoi serait-on moins exigeant avec notre vote qu’avec notre compte bancaire ?