Commençons par la plus belle !
Dans la catégorie "Je légifère donc je suis" :
la proposition de loi n°1823 de M. Michel Hunault (UDF - Loire-Atlantique). Elle est hyper-simple (les deux au fond qui ont dit simpliste, j’ai les noms !), juste deux articles :
- le vote par Internet est autorisé pour toutes les élections, et le Conseil d’Etat se débrouille avec les sordides détails de mise en oeuvre tels que, je cite, « l’anonymat, le secret et la sécurité du vote »,
- ce sera financé par les taxes sur le tabac.
Dans la catégorie "bande de ringards" :
« Franchement, je crois que contester la fiabilité de ces machines, c’est aussi contester à la fin du 19 ème siécle que le train pouvait être un outil performant et qu’il rendait malade ceux qui rentraient à l’intérieur. », F. Cuillandre, maire de Brest.
Dans la catégorie "insultes" :
“Pour convaincre les plus obtus, toutes les sécurités ont été prises avec batterie de secours, contrôle de virginité de la mémoire avant le vote et machine de remplacement.” Nice-Matin du 24 mars 2005.
Dans la catégorie "non, non, ce n’est pas de l’informatique" sous-entendu "c’est plus fiable que votre PC" :
« La technologie employée fait appel à des solutions mécaniques » Michèle Tromeur, responsable à la mairie de Brest
Question : “Ce système de vote est-il informatique et utilise-t-il Internet ?” Réponse :
“NON. Le système utilisé est électronique.” Mairie de Nice
« Contrairement à d’autres systèmes de vote électronique, la machine à voter ne contient pas d’éléments informatiques. » Mairie de Suresnes.
« Ce système n’est pas informatique mais électrique » Un maire des Alpes-Maritimes tout fier de montrer ses pipotrons tout neufs (entendu personnellement)
« une calculette géante plutôt qu’un ordinateur », Les nouvelles de Châtenay-Malabry, septembre 2006.
« il s’agit d’un vote électronique et non informatique. Aucune manipulation des résultats n’est possible. », Boulogne-Billancourt Information, décembre 2006. Aucune, c’est absolument prouvé !
« La machine à voter est encore plus simple que mon téléphone portable, elle ne contient même pas de microprocesseur » (entendu personnellement)
Quitte à raconter des c..., ils pourraient au moins accorder leurs violons, ça leur donnerait un semblant de crédibilité. En fait, la frontière électronique/informatique est assez floue. Une définition pourrait
être la présence d’un logiciel. Les ordinateurs de vote sont indéniablement dotés d’un logiciel, et on peut considérer les ordinateurs Nedap/France-Élection comme des ordinateurs dans un boitier inhabituel avec un écran inhabituel. Des ordinateurs de vote de fabricants concurrents sont basés sur une architecture de PC. Tous les PCs sont des ordinateurs... mais tous les ordinateurs ne sont pas des PCs.
Comme cette affirmation se retrouve ça et là dans les présentations des ordinateurs Nedap/France-Élection par les mairies, on peut se demander si cette approche ne leur a pas été soufflée par ce constructeur. Cela ressemble fort à de la com’ foireuse tentant d’éviter l’amalgame entre ordinateur de vote et PC (parce que la fiabilité d’un PC...) .
Tiens, c’est rigolo, cette plaque sur tous les ordinateurs machines hollandaises de ce fabricant :
Dans la double catégorie "le logiciel libre ? Connais pas" et "je jargonne pour noyer le poisson" :
Question : “Ce système est-il piratable ?” Réponse :
“Non. La machine à voter i-Votronic fonctionne avec un OS (Operating System) propriétaire.” Mairie de Meylan
Dans la catégorie “Ma machine à moi atteint le 240 km/h”
« Très performante, la machine à voter peut enregistrer jusqu’à cinq élections en simultané » Revue municipale du Havre “Océanes” de mai 2005, page 20.
En France, nous n’avons jamais plus de deux scrutins simultanés. Peut-être des référendums locaux s’y ajouteront (au risque d’allonger le temps de vote et de créer des files d’attente).
Dans la catégorie “Mais où ai-je rangé mes électeurs ?”, le ministère de l’intérieur autrichien :
« La divergence entre les résultats de cette simulation et ceux du vote selon les modalités traditionnelles, intervenu en parallèle, a été de l’ordre de 0,6%. Constatant ce succès, le ministère de l’intérieur autrichien.... »
Un succès, d’égarer 120 voix ?
Dans la catégorie “Bienfaiteur de l’humanité”, la société Diebold :
« About Diebold Election Systems :
Penicillin. The printing press. The personal computer. These milestones of progress improved society forever. Now it’s democracy’s turn. »
Recherches Google ayant curieusement abouti sur notre site :
un sauvageon voulant fabriquer un “faux bulletin de collège”