À notre connaissance, parmi les villes ayant abandonné les machines à voter depuis 2007, aucune ne reprend leur utilisation cette année. Par exemple, Lorient et Chaville [1] l’ont annoncé explicitement. Par ailleurs, le gel décidé en 2008 par le Ministère de l’Intérieur fait qu’aucune nouvelle commune ne peut mettre en œuvre des ordinateurs de vote.
L’ordinateur de vote Nedap, de loin le modèle le plus répandu en France, a été abandonné par les 3 pays l’utilisant à grande échelle [2] : Irlande (ils devaient équiper tout le pays en 2004, et n’ont quasiment pas servi), Allemagne (la Cour Constitutionnelle a jugé leur utilisation incompatible avec la Constitution allemande, qui contient un principe de publicité du processus électoral) et Pays-Bas qui est leur pays d’origine (imaginez que la France interdise aux Airbus d’atterrir sur son territoire...).
Les deux fabricants concurrents de Nedap ne sont plus utilisés que par une poignée de villes (principalement Issy-les-Moulineaux).
Ces élections régionales sont un scrutin de liste. Sans surprise, comme nous l’avions prévu dès les élections municipales de 2008, afficher les listes de façon lisible reste impossible. Des candidats en Alsace s’en plaignent : sur l’interface des ordinateurs Nedap, les bulletins subissent une réduction à 20 ou 40% de leur taille normale. Le modèle ES&S ivotronic parait quant à lui incapable d’afficher les logos des listes.
Ce manque de lisibilité est peut-être une des explications à la forte augmentation du vote blanc (environ +50%) constatée par l’Observatoire du vote dans son rapport annuel. D’autre part, ce rapport constate la persistance d’un taux d’erreur plus important dans les bureaux de vote utilisant des machines : nous imaginons les ordinateurs comme infaillibles, mais la réalité nous montre que le vote électronique produit des résultats moins précis que le vote à l’urne...
Alors que le vote par Internet devient de plus en plus fréquent lors des élections professionnelles, cette génération d’ordinateurs destinée au vote politique est moribonde. Il est probable que la génération suivante ne sera dévoilée qu’après la prochaine élection présidentielle.