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Lettre aux Québécois sur les dangers du vote électronique

3 novembre 2005


PDF - 154.7 ko
Le texte complet (7 pages)

Chers et lointains cousins,

Je suis le fondateur du collectif de citoyens français recul-democratique.org, critiques envers le vote électronique. Je suis pour ma part informaticien, et nombreux sont ceux dans cette profession [1] qui partagent mes inquiétudes, que ce soit en France [2] ou à l’étranger [3].

Nous vous écrivons d’une part pour vous alerter au sujet de la généralisation massive (plus de 50% des électeurs [4]) du vote électronique dans votre Province. Des citoyens québécois s’inquiètent [5] et s’étonnent d’avoir appris par les médias que leur ville vient de s’équiper, sans grand bruit, de machines à voter électroniques, comme si il s’agissait d’une modernisation anodine. Pas de véritables débats. Nous connaissons ce même phénomène en France. Néanmoins, des journaux commencent à publier des articles très critiques [6]. Et des Québécois nous ont rejoint et ont participé à la rédaction de cette lettre.

D’autre part, nous vous alertons sur les vulnérabilités d’une urne électronique précise : la Diebold Accuvote utilisée au Québec (liste des villes concernées à la fin du texte complet). Le rapport [7] à l’origine de cette alerte est maintenant référencé [8] par le GAO (Government Accountability Office, agence d’audit du Congrès des Etats-Unis).

Ce texte est à la fois une lettre ouverte et une pétition (en huit points) que vous pouvez signer sur notre site Internet. Il est destiné à vivre au-delà des élections municipales.

La majorité des électeurs voteront par électronique le 6 novembre 2005. Ce mode de scrutin n’est pourtant autorisé qu’à titre d’essai [9]. Le jeu en vaut-il la chandelle ? La question se pose quand on sait que le vote électronique peut sérieusement faire augmenter le coût des élections [10] [11].

Quoiqu’il en soit, nous appelons à la vigilance lors du déroulement des élections et à un débat public sur l’opportunité du vote électronique à l’occasion des travaux de la commission spéciale sur la Loi électorale du Québec [12] qui ont démarré le 1er novembre. Par ailleurs, ce sujet, et notamment le vote par Internet sera certainement évoqué lors de la consultation [13] de Communautique, un organisme à but non lucratif visant l’appropriation sociale et démocratique des technologies de l’information et de la communication oeuvrant pour les organismes communautaires et les populations à risque d’exclusion des technologies.

Les problèmes qui se posent vont en effet au-delà des dimensions sécuritaires et financières.

PDF - 154.7 ko
Le texte complet (7 pages)

P.-S.

Vu le délai très court de parution avant les élections, cette “Lettre aux Québécois” est susceptible d’évoluer pour répondre à des demandes d’éclaircissement ou à des informations nouvelles. Par contre, les huit points sur lesquels s’engagent les signataires de la pétition ne seront évidemment pas modifiés. Ce site Internet est donc l’endroit où trouver sa version la plus récente.

Egalement : liste des villes concernées par le vote électronique, et explications sur les technologies.

Notes

[1] L’ACM, association d’informaticiens fondée en 1947, comptant 80 000 membres, demande des systèmes de vote conçus plus rigoureusement et avec impression d’un bulletin vérifié par l’électeur.

[2] Roberto Di Cosmo : "E-duquons l’e-citoyen !", également intéressant par son analyse de nos rapports avec l’informatique.

[3] L’Irlande devait voter électroniquement dès 2004. 7300 machines sont toujours dans un entrepot, une commission indépendante n’ayant pû recommander leur utilisation. A la toute origine de ce mouvement de rejet, une étudiante en informatique faisant sa thèse sur le vote électronique.

[4] Plus de 50% des électeurs voteront par électronique en Novembre 2005. Parmi les villes de plus de 50 000 habitants, seules Laval, Saguenay et Terrebonne n’utiliseront pas le vote électronique. Liste des villes.

[5] "Non au vote high-tech" par J.F. Lisée. "Détournement de démocratie, le vote électronique ?" et articles suivants, par Michel Monette.

[6] "Gare aux machines à voter électroniques", par Claude Côté, Le Soleil du 31 octobre 2005.
"Loi électorale et technologie font-elles bon ménage ?", par Claude Côté, Le Soleil du 1er Novembre 2005.
"La fiabilité des machines électroniques remise en question", La Presse du 1er Novembre 2005.
"Des questions soulevées quant à l’utilisation des appareils électroniques", Radio-Canada du 31 octobre 2005.

[7] "The Black Box Report - Critical Security Issues with Diebold Optical Scan Design".

[8] US GAO, "Federal Efforts to Improve Security and Reliability of Electronic Voting...", pages 25 et 26.

[9] Selon la LERM (Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités), il s’agit de "faire l’essai, lors d’un scrutin, de nouveaux mécanismes de votation." (art. 659.2). Le terme "essai" est également celui employé dans un document récent du DGEQ.

[10] En réponse à notre questionnaire sur leur utilisation du vote électronique, deux municipalités (sur la dizaine qui ont répondu vite) nous ont avancé le surcoût par rapport au vote traditionnel comme obstacle.

[11] Infomètre (CÉFRIO). “E-Poll, l’appareil de votation de demain ? Bulletin du 7 octobre 2005. « ...le vote électronique reviendra toujours plus cher que le vote papier. », avec toutes les limites des comparaisons entre pays.

[12] Assemblée nationale du Québec. Commission spéciale sur la Loi électorale.

[13] Communautique réalise une consultation du 24 octobre au 16 décembre 2005 : gouvernement en ligne, cyberdémocratie, administration électronique...

©© ordinateurs-de-vote.org - dernière modification : dimanche 26 mars 2023.

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